Et si notre décoration, notre univers quotidien pouvait nous procurer un sentiment de sérénité, chuuttt!
Maison et Objet – Janvier 2017
En janvier prochain, l’Espace d’Inspirations explore l’univers apaisant du silence, thème retenu par l’Observatoire de MAISON&OBJET. Elizabeth Leriche livre les clés d’une scénographie placée sous le signe de la contemplation.
Pourquoi le silence ?
Dans un contexte généralisé de surconnexion et de surcommunication, d’excès d’images, d’écrans et de bruits, le monde de l’art de vivre et de la décoration infusera de plus en plus le besoin de calme et de sérénité de la société pour proposer des nouveaux modes de vie et d’habiter. La quête de la déconnexion répond au désir de remettre la main sur le temps propre de nos existences. Les architectes explorent les solutions d’isolation acoustique, les designers planchent sur des nouvelles manières de s’isoler, dans les sphères publiques ou privées. Sérénité et simplicité constituent deux portes vers la beauté. Photographes, artistes, créateurs d’objets et de mobilier, etc : l’espace d’inspiration invite au voyage sur les terres sacrées d’un silence aussi rare que précieux : une matière luxueuse qui inspire toutes les sphères de la création.
Comment avez-vous choisi de structurer l’espace ?
Après un sas de surconnexion, le visiteur expérimente le passage du vacarme au silence, du chaos au calme, du noir à la lumière, à travers une succession de voiles. L’idée est de transiter dans différents cocons qui révèlent chacun une manière d’incarner le silence. Par exemple, dans une chambre en feutre – un formidable isolant phonique –, on découvre des manières contemporaines de s’isoler. À tester : les isoloirs en bois et feutre Nascondino ou encore le Cork Helmet (casque en liège), deux créations du designer Pierre-Emmanuel Vandeputte. Les casques spéciaux Libratone vous plongeront dans les bruits de la nature et révéleront des sons que l’on n’a plus l’habitude d’entendre. Le parcours inclut un espace dédié à une vidéo de la plasticienne Cécile Letalec et une zone entièrement consacrée à la contemplation. Au fil de la découverte, minimalisme, transparence et finesse seront autant de sources de bien-être.
Quelles couleurs avez-vous associées au silence?
Traditionnellement, noir, blanc et gris sont les couleurs du silence. C’est ce que racontent les deux pièces hautement symboliques du silence, qui succèdent à la zone de contemplation. D’abord, une bibliothèque d’une blancheur immaculée, entièrement habillée de voiles, de livres et de céramiques faites main. Une table y accueille les travaux en papier de Nadia Gallardo. Opposée et complémentaire à la fois, la chambre à coucher, l’autre lieu domestique de silence par excellence, est traitée en noir, expression du mystère nocturne. J’ai aussi déroulé des nuances très diluées de bleu lagon dans un autre écrin, tissé autour de la rêverie aquatique.
Quelle est la place de l’objet dans votre parcours ?
Je mets en lumière les formes archétypales, les fonctions reposantes et les objets du quotidien étudiés pour prendre le temps du geste, comme les ustensiles dérivés de la cérémonie du thé japonaise : le plateau en cèdre MU de Native&Co ou les Meditation Stools de Michael Anastassiades. La mise en abîme de l’objet dans son cadre est essentielle. C’est pourquoi j’ai entouré la zone de contemplation de huit cellules. Sur le modèle de celles des moines, elles orchestrent chacune un tête-à-tête intime entre un objet et une fenêtre ouverte sur un paysage. Les objets ont leur rôle à jouer dans la réappropriation du silence bienfaisant des lieux.